Atelier de menuiserie : Rencontre avec Philippe

Effectuer un stage ou un atelier de menuiserie ; c’est une thématique qui revient souvent et qui vous intéresse de plus en plus. En effet apprendre le travail du bois ne s’improvise pas et réaliser son propre meuble de A à Z se mérite !

Nous avions déjà consacré un article aux ateliers de menuiserie il y a quelques temps mais aujourd’hui nous souhaitons donner la parole à Philippe, l’un des membres de la grande famille Kookooning.

Pourquoi cet article et pourquoi Philippe ? Tout d’abord parce qu’organiser son séjour sur la thématique de la menuiserie rentre complètement dans le concept même de Kookooning : la découverte de savoir-faire locaux, des moments de partage et tout ça en pleine nature... Un parfait exemple de Slow Tourisme (je vous vous expliquais aussi ce terme dans un précédent article du blog). Philippe, car son parcours est atypique et qu’il a déjà reçu plusieurs voyageurs de Kookooning. Il nous dit tout sur son parcours et les ateliers de menuiserie qu’il propose.

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En quelques mots, pouvez-vous nous expliquer qui vous êtes et d’où vous vient cette passion pour la menuiserie ?

J’ai grandi à Paris et j’ai vite compris que cette vie ne me conviendrait pas, la vie en ville, très peu pour moi. Je rêvais de nature, de campagne et d’authenticité. Alors pendant 2 ans j’ai suivi les cours du soir proposés par la ville de Paris pour apprendre le métier de menuisier et ai fini par obtenir mon CAP.

Une fois mon diplôme en poche, j’ai quitté la capitale pour m’installer au fin fond de l'Ardèche, je savais que c’était dans ce type d’environnement que je pourrais exercer plus facilement mon travail d’artisan et développer mon activité. J’ai donc créé mon entreprise en 1992.

Et pourquoi cet artisanat précisément ? Pourquoi la menuiserie et pas la ferronnerie, la taille de pierre, la peinture,...

Tout d’abord il faut remettre les choses dans leur contexte. Chaque artisan devait avoir sa propre spécialité pour pouvoir développer son entreprise La notion de “multi-services” n’était pas à l’ordre du jour et était plutôt synonyme de bricoleur.

J’ai choisi la menuiserie et donc le travail du bois car ce matériau m’attirait plus que les autres et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le fait qu’il s’agisse d’un matériau brut et donc non transformé comme peuvent l’être le verre, le fer ou la céramique. Ensuite car le bois est vivant, il travaille et évolue au fil des étapes de fabrication (préparation, coupe, séchage) et des années contrairement à la pierre par exemple, ce qui pour moi, rajoute encore un plus de charme à son utilisation.

Comment vous est venue l’idée de proposer des ateliers de menuiserie ?

Le développement de mon activité touristique est venue très progressivement. Il y a quelques années mon ouvrier principal est parti à la retraite. J’ai décidé de modifier mon activité progressivement et embauchais de moins en moins d’apprentis, ce qui me laissait plus de temps libre. C’est pourquoi j’ai décidé en 2011 de proposer, en parallèle de mon activité de menuisier, un gîte au dessus de mon atelier et de mon domicile afin de faire découvrir à des voyageurs, épris de nature comme moi, les portes du Parc Naturel Régional de l’Ardèche et ses paysages merveilleux. Mon chalet “à la lisière” est d’ailleurs aussi disponible à la location sur Kookooning. Le gîte me prenait de plus en plus de temps, surtout en saison et j’ai réfléchis a une solution pour le remplir un peu plus entre octobre et avril.

Alors il y a 3 ans je me suis dit “pourquoi ne pas proposer des séjours pour partager ma passion avec des particuliers ?”. C’est là que j’ai connu Kookooning et que j’ai lancé le concept des ateliers de menuiserie en parallèle de mon activité professionnelle. J’ai pu promouvoir cette nouvelle activité via Kookooning, d’autant plus que l’un des membres de l’équipe est venu tester l'expérience avec sa bande de copains !

Vous continuez donc toujours votre activité d’artisan ?

Oui évidemment, j’aime mon métier et même si j’adore le faire découvrir aux autres et partager cette passion, j’ai besoin de travailler sur d’autres projets. L’avantage c’est qu’en étant seul avec ces 2 activités j’ai le luxe de pouvoir choisir mes projets et les stages de menuiserie en fonction de mes disponibilités. Et depuis 6 mois environ j’ai pu constater une réelle augmentation des demandes pour mes ateliers de menuiserie. Probablement dû au développement de la notoriété de Kookooning mais aussi à une hausse de l’intérêt croissant des voyageurs pour ce type d’activité.

En parlant des voyageurs, qui sont-ils ?

Le public est vraiment très varié ! Ce sont parfois des hommes ou des femmes qui ont un désir de création ou un projet en particulier, parfois ils peuvent aussi offrir ce stage à leur conjoint. J’ai aussi souvent des échanges avec des personnes ayant acheté des machines ou en ayant hérité et qui souhaitent donc apprendre à s’en servir. Il n’est en effet pas évident de comprendre leur fonctionnement et il y aussi tout simplement la peur de se blesser. Dernièrement j’ai eu une demande inédite ; il s’agissait d’une maman d’un adolescent pas franchement attiré par l’école. Afin de l’aider à trouver sa voix elle l’a inscrit à un atelier de menuiserie pour qu’il découvre le métier. Lors de ce prochain stage, j’espère lui transmettre ma passion et faire naître en lui une nouvelle vocation !

Avant de rentrer dans le détail du déroulé d’un atelier type, comment s’organise-t-il en amont de la venue des stagiaires ?

Je propose des stages sur 3 jours ce qui est finalement assez court pour réaliser un meuble en bois, les journées sont donc très intenses. Je prête toujours une attention particulière au nombre de stagiaires, pas plus de 4, question de sécurité.

Ce que j’aime c’est pouvoir laisser un maximum d’autonomie aux voyageurs lors de mes ateliers de menuiserie afin qu’ils aient vraiment le sentiment de fierté d’avoir réalisé leur objet seul. Le problème c’est que certaines machines restent complexes à utiliser, voire dangereuses. Il n’est donc pas envisageable pour moi de “surveiller” plus de 4 personnes en même temps. Le but est quand même de passer un bon moment tout en apprenant des choses et en évitant de perdre un doigt ou une main !

Chaque stagiaire repart évidemment avec sa création. Je leur propose généralement de réaliser une table de chevet ou une table basse qui sont des objets assez simples. Certains stagiaires ont en revanche une idée très précise de ce qu’ils veulent réaliser. Dans ce cas nous en discutons avant leur arrivée pour voir si leur projet peut s’adapter au cadre de la formation en terme de durée de travail mais aussi en terme de quantité de bois utilisée.

J’imagine donc qu’avant la pratique vous procédez à une explication plus théorique ?

Oui évidemment, c’est essentiel. Cela dure ½ journée au cours de laquelle nous voyons plusieurs choses.

Je commence toujours par leur faire visiter les ateliers, leur montrer le stockage des bois, les machines et leur expliquer pourquoi et comment les utiliser. Ensuite nous passons dans une seconde partie de l’atelier où sont exposées certaines de mes créations afin qu’ils puisse mieux mesurer ce qui les attends. Cette visite leur permet également d’observer les différents bois avec lesquels je travaille et que je peux donc leur proposer. Car chaque stagiaire peut choisir de travailler avec le bois qu’il veut pour obtenir un résultat encore plus unique du fait des nuances de couleurs notamment.

Pour l’instant j’ai toujours eu affaire à des personnes complètement novices. La découverte de mon travail est donc complète avant même de passer à la pratique. C’est vrai qu’il n’est pas évident de s’imaginer à quoi peut ressembler le travail d’un menuisier et les voyageurs sont souvent très surpris par la complexité de cet art.

Dès l’après-midi on passe au dessin de l’objet et au débit de bois (pré-découpe du bois). C’est important de réaliser cette dernière étape avant la fin de la journée car cela permet de laisser reposer le bois toute la nuit avant de le travailler le lendemain pour l’usiner, c’est à dire de passer au travail du bois et au montage, et ça pendant les 2 journées restantes.

Décidément, encore un moyen de personnaliser son expérience ! D’ailleurs quels type de bois proposez-vous et d’où proviennent-ils ?

Je suis extrêmement attaché à ma région d’adoption et aux richesses dont elle bénéficie. Aussi il était évident pour moi de travailler uniquement avec des produits locaux issus d’exploitations responsables afin de préserver l’environnement. Qu’il s’agisse de mon activité professionnelle ou des ateliers de menuiserie j’utilise essentiellement du noyer, du fresne, du châtaignier ou du cerisier et ses belles nuances de rouge.

Partager ses journées et sa passion entraîne certainement une proximité entre vous et les stagiaires. Une fois la journée terminée, que se passe-t-il ?

Le midi nous mangeons généralement ensemble, et assez vite je dois dire pour ne pas perdre le rythme et l’énergie du travail mais aussi être certains d’arriver au bout du projet à la fin des 3 journées. Surtout il ne faut pas se disperser.

Ensuite le soir chacun est libre de faire comme il l’entend. Les groupes d’amis ou les couples passent généralement la soirée entre eux afin de se retrouver pour un moment plus intime. Le gîte étant équipé d’une cuisine, les stagiaires peuvent bénéficier d’une réelle indépendance. Mais il est vrai que parfois nous prenons le repas du soir ou simplement l’apéritif ensemble.

Dans tous les cas les ateliers de menuiserie nous offrent de beaux moments de partage et de convivialité. J’aime beaucoup cette proximité qui se créée avec les gens. Très récemment j’ai effectué 4 stages et c’est vraiment passionnant car j’adore transmettre ma passion. Et pour les clients c’est tout nouveau et très intense. Cela donne vraiment des moments magiques !

Alors, tentés par la menuiserie ? Ici on vous conseille vivement de réaliser cette expérience unique. N'hésitez pas à contacter Philippe via le site de Kookooning !

Un grand merci à Philippe qui a bien voulu me consacrer un peu de temps pour me parler de son métier, de sa passion et de la manière dont il les partage avec vous.

Pedro

Posté le 27 mai 2019.

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